
JOURNAL D’UN FOU
Nicolaï Gogol
COMPAGNIE DES PERSPECTIVES
Mise en scène et direction d’acteur : Bruno Dairou
Interprétation : Antoine Robinet
Création lumière : Antoine Laudet
Régie : Héléna Castell
Graphisme : Romain AK
Scénographie : Stéphane Cavanna
Spectacle tout public
Durée : 1h00
Du 5 au 28 juillet 2019 à 10h50
Théâtre Le Cabestan
11 rue Collège de La Croix
84000 Avignon
Réservations : 04 90 86 11 74
Réservez en ligne (pro)
LE SPECTACLE
Journal d’un fou
Le journal d’un fou est sans doute l’œuvre majeure de Nicolaï Gogol. On y rencontre un héros bien singulier : ce petit fonctionnaire dans un ministère du tsar, nous fait découvrir sa stupéfiante destinée au travers de ses Mémoires de plus en plus étrangement rédigées. On y apprend qu’il parle le chien couramment, qu’il évite les collisions stellaires et qu’il est promis au trône d’Espagne ! Ce texte incisif, émouvant et à l’humour tendre est un chef-d’œuvre de la littérature russe. Réadapté par la Compagnie des Perspectives d’après la traduction de Louis Viardot (1845), il est ici présenté dans sa version originelle.
« Demain, à sept heures, il arrivera une chose étrange : la terre s’assiéra sur la lune. Le célèbre chimiste anglais Wellington a écrit là-dessus. J’avoue que j’ai ressenti une angoisse au cœur quand je me suis imaginé la mollesse et la fragilité de la lune. La lune se fait ordinairement à Hambourg, et elle s’y fait très mal. »


Photos : Jessy Conjat
VIDÉO
Journal d’un fou
PRESSE
France Info
« Très belle performance d’un jeune acteur, Antoine Robinet, prometteur pour l’avenir ; de belles résonances avec le monde actuel ! »
bernardthomasson.com
« Le monologue est porté par un jeune acteur, Antoine Robinet, dont le regard et le phrasé hypnotisent le spectateur du début à la fin. Sans fausse note dans le jeu, il pousse le spectateur à croire que ce petit paperassier russe est bel et bien devenu souverain espagnol. Il y a là du talent pour l’avenir. »
Bernard Thomasson
Les rêveries de Camille Arman
« Ce qui ressort d’emblée, c’est une présence. Intense. Le spectateur est pris, prisonnier d’un regard sur lui fixé, regard halluciné, force qui traverse et cloue sur place. De part en part. La force d’émotion d’Antoine Robinet qui rebondit. De lui à nous, de nous à lui. Sans pause ou si peu. Quelques secondes d’une musique bullée et ça repart.
Folie ? Laquelle ? La nôtre, en nous bien tapie ? La sienne ? Celle de son auteur ? Quelle importance ? L’âme humaine est si étrange.
Folie douce, un chien parle, on sourit. Quoi de plus normal au fond ? Puis la terre, puis la lune. Puis tout se distord. Il est allé trop loin, s’est brûlé. Et on le sait. A partir de là, plus de rires, une immense tendresse nous étreint pour ce petit commis aux écritures.
Alors, on accepte, goutte de sueur après goutte de sueur sur torse de l’acteur déposée, parce que le théâtre c’est ça : c’est vivant, c’est de la chair et du sang partagés. Alors oui, on accepte l’Espagne, les rêves de château, le pitoyable manteau et la lente mise à mort. Du rire, Gogol et Antoine nous mènent aux larmes.
Banderilles, taureau. Coups sur le dos pleuvent et il ne comprend pas, le naïf, il y voit un adoubement, comme aux temps glorieux des chevaliers. Parce que tailleur de plumes, il n’est point il le sait. Mais la marche du destin s’avance, l’acteur nous prend à témoin, yeux brisés. On le voit prostré, si fragile sur sa couche Reste de lucidité sur la cruauté qui l’entoure, jusqu’à l’appel éternel vers celle…
Voilà. Sonnés, embarqués, on est. Il est vraiment très fort, Antoine, il nous entraîne partout avec lui, ne nous lâche pas une seconde de l’œil et du cœur. Revisite un texte qui déborde nos frontières intérieures. On notera la sobriété et la beauté de la mise en scène et du décor. Sans clins d’œil, sans chichis. Juste la nudité de la vie.
Alors, courez ! Ce spectacle déchirant en vaut immensément la peine ! »
Camille Arman
Froggy’s Delight
« () Le jeune comédien, mis en scène avec finesse et intelligence par Bruno Dairou, livre une prestation une nouvelle fois fabuleuse, qui est à cent lieues des numéros d’acteur qu’on peut voir la plupart du temps en pareil cas. Un monologue de haut vol à ne pas rater. »
Nicolas Arnstam
La Provence
« De la chaleur lourde de l’après-midi, rue d’Amphoux, on entre dans un univers calme où Antoine Robinet va bientôt exploser. Avec une diction irréprochable, il nous entraîne dans le rythme effréné des journées de Poprichtchine. D’une illusion amoureuse au réconfort trouvé auprès d’un chien, de l’humiliation infligée au petit fonctionnaire de ministère aux devoirs incombés au roi d’Espagne, la folie est partout présente. Dans le Vieux Balancier aux pierres apparentes, on devient les gardiens d’un asile psychiatrique, les confidents du fou, captivant, touchant. Le décor minimaliste souligne la lecture de ce journal intime et permet à chacun de construire ses propres images. Le texte de Gogol, parfaitement respecté, nous emporte dans sa propre logique et son univers dès la première minute. Grâce à l’interprète, Antoine Robinet, et à ces conditions réunies, on redécouvre avec bonheur ce chef-d’œuvre de la littérature russe. »
Coline Beyret
Le blog de Phaco
« Sans forfanterie, Antoine Robinet plante ses yeux dans ceux des spectateurs, mettant en exergue l’apparence multiple de son personnage : demi fou ? demi-sage ? illuminé ? looser ? En tout cas, peut-être fou mais porteur d’histoires. Et sa prestation se révèle très convaincante, puisant à la fois dans un jeu sobre et inventif. »
Thierry de Fages
« Un tour de force, une performance, un grand moment de théâtre, une saisissante performance d’acteur. Numéro de haute voltige théâtrale, la remarquable mise en scène de ce texte signée Bruno Dairou évite toutes tentations d’excès et de grandiloquence. Au centre de la scène, le comédien Antoine Robinet est tout simplement prodigieux. Il investit à la fois psychologiquement le personnage de Poprichtchine, mais il l’incarne physiquement avec une évolution constante absolument renversante. Il nous impressionne, nous rend le texte limpide et nous bouleverse. »
« Convaincant et bien servi par un bon comédien, ce Journal d’un fou de Bruno Dairou au Cabestan est à voir… Antoine Robinet, habité par le texte, déploie une énergie considérable, tout en tension contenue. Il façonne un personnage fort d’une énergie créatrice : furieux, triste, tendre jusqu’à l’aboutissement final où, pour s’éviter les souffrances que lui impose sa condition de vie, la folie s’empare de lui. J’y vais, j’y cours. »
André Michel Pouly
Toute la culture
« Le Popritchine de Robinet est une totale réussite. Il est épatant, dérangeant et émouvant à la fois. Antoine Robinet tient le personnage dans une interprétation juste sans jamais tomber dans une facilité des convenances et sans lâcher sur l’essentiel : c’est Popritchine lui-même qui écrit son histoire. Le personnage créé n’est pas fabriqué, ne connait pas de mise à distance, ne s’articule pas, il est Popritchine fou et rien d’autre. À nous de le découvrir, de le comprendre et de ressentir pour lui une empathie embarrassée. A nous de redécouvrir le texte immense à l’humour contenu de Nicolai Gogol. »
David Rofé-Sarfati
La Provence.com
« Proposé dans une mise en scène intelligente et sobre signée Bruno Dairou, « Le journal d’un fou » frappe par la puissance sonore de ses mots. Le jeune acteur accomplit ici une performance physique et théâtrale de première importance. Et arrive à bouleverser un spectateur déjà très impressionné par ce qu’il entend. »
Jean-Rémi Barland
Théâtrauteurs
« Antoine Robinet joue le personnage au plus près de son public, et souvent les yeux dans les yeux. Le comédien, en plus d’une présence indéniable, possède un atout rarissime pour sa génération : sa diction est impeccable (le fait mérite d’être souligné tant cela est devenu rare !) »
Simone Alexandre
Agoravox
« () Le fou devient notre héros : celui qui résiste avec ses moyens d’humain à l’arbitraire que d’autres lui imposent, celui qui refuse de ne pas choisir son existence. Si ses incohérences peuvent encore susciter un rire, c’est une connivence teintée de cynisme partagée avec lui. Et l’acteur, par sa manière de nous livrer le texte, créee une empathie dont on souffre mais que l’on apprécie de ressentir car elle nous rappelle la chance que nous avons de pouvoir être sensible à autrui. On a envie d’être le camarade de Poprichtchine pour lui dire qu’il vaut certainement tout aussi bien voire mieux que ses chefs dont le statut est un acquis de principe ; on a envie de lui dire qu’il peut être aimé pour ce qu’il est plus que par ce qu’il possède ou ne possède pas ; on a envie de le prendre par la main pour le sauver et se sauver avec lui. »
Estelle Béline
Woozart
« Derrière les hallucinations de Proprichtchine, et par le biais de cette poétique du délire, transparaissent les oppressions sociales, politiques, encore et toujours d’actualité, près de deux siècles plus tard. Ce « borderline » dit la vérité… »
Philippe Monsuel
Le Dauphiné
« Écrit vers 1835 à la première personne, sous la forme d’un journal, c’est sans doute l’ouvrage le plus connu de l’écrivain russe Nicolas Gogol. Une matière théâtrale dont s’est emparée la compagnie « Pourquoi ? » entreprenant un véritable travail de recherche, proposant même la réédition de la traduction originale de Louis Viardot. Au cœur de ce spectacle, on trouve un acteur, Antoine Robinet, déjà remarqué dans « Le bain » de Lagarce. On peut se perdre dans le jeu outrancier d’une folie peu ordinaire, on peut aussi jouer les funambules et c’est bien ce qu’il fait. Alors l’absurde et l’humour s’invitent, et l’on rit de bon cœur avant de douter, de se questionner et d’être touché par les errances intellectuelles de ce petit fonctionnaire qui se prend pour le Roi d’Espagne. Les lumières, la bande-son très bien travaillée et quelques éléments de décors choisis complètent le tableau. Ce « Journal d’un fou » est un petit bijou dans un petit théâtre qui lui sert merveilleusement d’écrin. »
Sophie Bauret
LA COMPAGNIE
Compagnie des perspectives

Créée en 2005, la Compagnie des Perspectives (ex Compagnie Pourquoi ?) inscrit sa démarche artistique dans la volonté de créer des pièces du répertoire contemporain. Il s’agit à la fois de mettre en valeur la richesse de l’écriture dramatique actuelle mais aussi de refuser de s’engager dans un théâtre du « politiquement correct ». Entendons nous bien : s’il n’est en aucun cas question de nourrir le débat entre théâtre de divertissement et théâtre destiné aux élites averties, il nous paraît particulièrement pertinent de montrer que le théâtre peut toujours constituer un art du combat pour des valeurs.
C’est ce qui nous a conduits à traiter des thèmes comme l’homophobie (Parce que ce soir-là il y avait du vent), les amours décalées (Harold et Maude), le totalitarisme (Madame Marguerite), les amitiés blessées (Pour un oui ou pour un non), sans négliger pour autant les pièces qui font de l’histoire une grille de lecture pour aujourd’hui ; que ce soit Mémoires d’un Fou de Nicolaï Gogol qui dénonce le sort réservé aux déments aux travers des âges ou Shakespeare en pièces, qui met à nu les ressorts intemporels du comique.
Cette exigence artistique, commune à tous les membres de la Compagnie, auteurs, comédiens, techniciens, gestionnaires, a permis de tisser au fil des ans un réseau qui accueille, soutient, enrichit et, au final, rend possible la mise en œuvre de nos créations. La troupe a ainsi noué des partenariats avec le Festival Beaujolais en Scènes et en Musique qui nous confie depuis plus de dix ans sa programmation théâtrale.
Mais, ces pièces ont aussi été jouées au théâtre Le Guichet Montparnasse à Paris, au théâtre de l’Aquarium à La Cartoucherie de Vincennes, aux festivals des courtes formes de Menton ou de San Remo en Italie, dans le cadre de l’Alliance française de Brême ou du Samu social de la région parisienne. Dans tous ces lieux, il nous est apparu clairement que, s’il n’y a pas de différences marquées dans notre manière d’approcher la représentation, il y a bien à chaque fois une façon nouvelle de s’interroger sur les conditions de sa réception par les publics. Et que c’est bien là une des raisons profondes de vouloir dire le monde actuel par l’engagement théâtral.
Dès lors, que l’on fasse nôtre le « élitaire pour tous » de Vitez, ou, plus simplement, que nous soyons des passionnés de spectacle vivant, la Compagnie des Perspectives continue en tout cas de penser que le théâtre contemporain garde toute sa force de dénonciation dans un monde qui tend à se déshumaniser en mettant à mal les solidarités.
Bruno Dairou
Directeur artistique