ALZEIHMER ET
LA MUSIQUE
Depuis le berceau de l’humanité, la musique a toujours existé. Elle est essentielle à l’humain et à son développement, les scientifiques sont tous d’accord au sujet de ses bienfaits thérapeutiques, psychologiques et physiques sur l’être humain.
Son réel impact neurologique est étudié depuis une quinzaine d’années, surtout au Québec et aux Etats-Unis. Les différentes études mettent en lumière le fait que la musique apaise les symptômes de la maladie de Parkinson, de l’autisme et de la maladie d’Alzheimer, la plus répandue.
D’après un travail de recherches des docteurs Lola L. Cuddy et Jacalyn M. Duffin de l’Université Queen’s, au Québec, la musique – par son rythme – et la chanson – par ses textes – stimulent la zone associée au mouvement favorisant la coordination et l’équilibre mais aussi les centres du langage dans le cerveau. En outre, l’écoute de la musique contribue à améliorer les capacités cognitives et permet à la personne atteinte de s’ouvrir sur l’entourage, à être plus consciente de son environnement et se détacher du repli sur elle-même.
Il est également démontré que si la musique apaise et réduit les angoisses des personnes, elle va parfois même jusqu’à éveiller des souvenirs enfouis.
Allan Vermeer | Concert EHPAD « Clos d’Aliénor »
Le Bouscat (Gironde), mars 2023
TÉMOIGNAGE D’ALLAN VERMEER
chanteur en EHPAD / unités protégées
“Mon grand-père était musicien. Lu comme ça, cela peut sembler banal.
Des musiciens, il y en a plein.Cependant, cette « banale » idée qu’il a eue un jour de vouloir s’essayer à souffler dans une clarinette est devenue mon chemin de vie. Tout comme celui de mon frère batteur, de ma sœur flûtiste, le tout grâce à mon père tromboniste de jazz qui voulait lui aussi marcher dans les pas du sien. Mon grand-père a été sociétaire de l’harmonie du village près de 80 ans.
Le jour où il n’a plus eu assez de souffle pour jouer, alors il a commencé à oublier les clés sur le contact dans la voiture. Il a oublié d’aller chercher son « Canard Enchaîné » pendant deux, trois, dix jours, puis il a commencé à lire l’horloge à l’envers et me dire qu’il avait raté le train pour Paris depuis sa chambre en maison de retraite.
Il n’était « là » que lorsque nous n’étions pas là. Il passait des heures entières assis dans son fauteuil devant sa chaîne hi-fi à écouter de la musique classique, du jazz. Lorsque nous entrions dans sa chambre il baissait le volume, se levait, souriait, conversait en toute lucidité une dizaine de minutes, puis il s’évadait, il s’estompait, comme le volume de sa musique.
Dès son admission dans l’établissement qui l’a accueilli, j’ai demandé à venir y chanter, régulièrement, pour le distraire autrement, pour être là et « en musique » auprès de lui. Lors du dernier récital, son état s’était considérablement dégradé. Il est pourtant resté là, sur sa chaise tout le concert, à m’applaudir et je pense même qu’il était fier. Je dois dire que ce dernier moment de partage entre mon grand-père et moi, le petit-fils devenu musicien à son tour, cette lueur que j’ai eu la chance unique d’apercevoir à ce moment de sa vie m’a profondément changé.
Je chantais déjà depuis près de 10 ans mais c’est ce jour-là que j’ai réellement compris à quoi servait mon métier. J’ai compris que l’unique passerelle entre mon grand-père et le reste du monde, c’était la musique. Le seul moyen de l’atteindre, la seule façon qui s’offrait à moi de le réconforter.”
Allan Vermeer
Ad2l – Diffusion de spectacles vivants auprès des personne âgées en maison de retraite, Ehpad, foyers ou centre spécialisés.